À la hauteur
Ce que les données et les patients nous disent du rendement du système de santé.
Cette semaine, Qualité des services de santé Ontario (QSSO) publie À la hauteur, son rapport annuel sur le rendement du système de santé provincial.
Ce document n’essaie pas de couvrir tous les aspects du système de santé. Nous avons plutôt créé le programme commun d’amélioration de la qualité de concert avec nos partenaires du secteur de la santé et les dirigeants du système. Ce programme présente une quarantaine d’indicateurs qui couvrent tous les secteurs de la santé, de la proportion d’Ontariennes et Ontariens qui attendent trop longtemps pour une chirurgie au pourcentage d’habitants de la province qui fument.
À elle seules, les données ne suffisent pas. Toutefois, présentées de façon adéquate et intégrées aux expériences des patients et aux nôtres, elles constituent des informations qui peuvent être internalisées sous forme de connaissances. Pour finir, ces connaissances servent de base aux changements qui nous permettront d’améliorer le système – but de notre rapport.
À la hauteur devrait être un outil d’amélioration. Nous nous concentrons sur les nombreuses possibilités d’améliorer les divers secteurs du système de santé de l’Ontario. Par exemple, l’accès en temps voulu aux soins fait partie des domaines du système de santé qui nécessitent des améliorations. De nombreux de secteurs ne répondent pas aux objectifs provinciaux.
Voici quelques-unes des constatations importantes:
- Soixante pour cent des Ontariennes et Ontariens ne sont pas en mesure de voir leur fournisseur de soins primaires le même jour ou le jour suivant quand ils sont malades.
- La durée médiane de l’attente pour les personnes qui attendent de chez elles un lit de soins de longue durée est de 111 jours.
- Les temps d’attente pour certaines chirurgies s’améliorent, mais les objectifs ne sont toujours pas atteints.
Bien sûr, il faut nous améliorer dans de nombreux domaines. Mais il est important de souligner aussi que nous avons de multiples raisons de nous réjouir. Je terminerai mon propos sur une note positive. Grâce aux données suivantes, je peux dire que je suis fier de vivre, de travailler et de me faire soigner en Ontario:
- Globalement, les Ontariennes et Ontariens n’ont jamais été en aussi bonne santé et leur espérance de vie s’est allongée pour s’établir à 81,5 ans (la plus longue au pays après celle de la Colombie-Britannique).
- Les deux tiers des personnes qui vivent en Ontario estiment être en « excellente » ou « très bonne » santé.
- De nombreux secteurs du système de santé de l’Ontario fournissent un meilleur rendement qu’il y a cinq ou 10 ans.
Sur la couverture du rapport, il y a une photo d’Ilona Taylor, Torontoise âgée de 70 ans qui nous parle de son expérience. On la voit sur sa bicyclette, l’une de ses activités favorites pour rester en forme. Ce qu’on ne voit pas derrière son sourire, c’est qu’elle a subi récemment deux arthroplasties de la hanche. Mme Taylor fait partie des nombreux patients qui parlent de leurs expériences dans À la hauteur. J’ai souvent écrit et parlé de l’importance de comprendre pourquoi la qualité des soins de santé doit être améliorée en écoutant ce que les patients et les familles ont à dire. À la hauteur contient des histoires de patients, d’aidants et de fournisseurs de soins, semblables à celle d’Ilona, qui représentent des points de vue et des pensées que les données ne peuvent fournir.
Pendant que Mme Taylor attendait de voir un chirurgien, elle souffrait atrocement. Mais dès qu’elle a su la date de son opération, presque un an après sa demande de consultation, elle était ravie. « Mon chirurgien fait partie des meilleurs », nous a-t-elle expliqué. Lorsque son autre hanche a flanché, elle s’est trouvée dans la même situation, l’attente était telle, qu’elle a demandé à la réceptionniste de son chirurgien de la mettre sur une liste d’attente; elle était prête à tout laisser tomber dès qu’on l’appellerait. « J’étais désespérée, se rappelle-t-elle, et je me demandais si j’allais avoir la chance de recevoir un appel, ajoutant qu’elle s’est demandé pourquoi sa santé devait dépendre d’un coup de dés. »
Se faire soigner ne devrait pas être le fait du hasard ni de l’endroit où on vit, pourtant, nous avons constaté d’importants écarts dans la santé des Ontariennes et Ontariens et des soins de santé prodigués partout dans la province. Par exemple, il y a de grandes variations régionales en ce qui concerne le pourcentage de clients des soins à domicile qui ont des besoins complexes et reçoivent leurs premiers services de soutien à la personne dans le délai visé de cinq jours. Nous savons aussi que les personnes qui vivent dans le Nord de l’Ontario présentent un taux de décès prématurés évitables deux fois plus élevé que celui des personnes qui vivent dans d’autres régions de la province.
C'est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles il est impératif de surveiller et de mesurer la qualité des soins de santé en Ontario. Chacun d'entre nous, comme Mme Taylor, veut avoir un système de santé de haute qualité qui est là pour nous quand et où nous en avons besoin.
J’espère que le rapport suscitera de nouvelles conversations sur les soins de santé et inculquera un sentiment d’urgence dans celles qui sont en cours. Le rapport devrait être un document qui suscite le questionnement, révèle de nouvelles connaissances et guide le changement.
J’aimerais beaucoup savoir ce que vous pensez de notre rapport annuel, À la hauteur. et je vous invite à participer à cette discussion en nous suivant sur Twitter @QSSOntario ou à @DrJoshuaTepper.