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Faire le point: un rapport sur la qualité des services de santé mentale et de lutte contre les dépendances en ontario

Qualité des services de santé Ontario et l’Institut de recherche en services de santé publient un nouveau rapport sur la qualité des services de santé mentale et de de lutte contre les dépendances dans la province.

À mon avis, nous n’avons jamais autant parlé plus ouvertement et en connaissance de cause de la santé mentale et de la toxicomanie. Des Canadiens et Canadiennes comme Clara Hughes se comportent de façon exemplaire en encourageant le dialogue. Ma petite équipe de santé familiale et moi-même sommes inspirés par Vassilios Apostolopoulos qui, à cause de ses problèmes de santé mentale, a été radié du Barreau et sans domicile fixe pendant un certain temps. Tout comme j’ai un profond respect pour la franchise de mon collègue Rick Glazier, dont le fils a lutté contre la santé mentale et les dépendances et est décédé d’une overdose à l’âge de 18 ans.

Il y a aussi des efforts concertés au niveau local et du système pour essayer d’améliorer les soins dispensés aux personnes en proie à des problèmes de santé mentale et de dépendance. Qualité des services de santé Ontario (QSSO) a le plaisir, par l’entremise du programme ARTIC (Adopting Research to Improve Care), d’appuyer deux initiatives dans ce domaine: l’initiative DA VINCI (Depression and Alcoholism – Validation of an Integrated Care Initiative) et le programme META:PHI (Mentorship, Education and Training in Addiction: Primary Care-Hospital Integration).

Malgré ces avancées importantes, les stigmates persistent. Il y a aussi des lacunes dans ce que nous savons, et ce que sait le système, du traitement des personnes souffrant de santé mentale et de dépendance.

Pour combler ces lacunes, QSSO et l’Institute for Clinical Evaluative Sciences (ICES) ont produit Faire le point, rapport sur la qualité des services de santé mentale et de lutte contre les dépendances en Ontario. L’IRSS et QSSO espèrent que ce rapport appuiera le travail du Conseil consultatif pour le leadership en santé mentale et en lutte contre les dépendances et son rapport intitulé Better Mental Health Means Better Health et la stratégie du ministère de la Santé et des Soins de longue durée, Esprit ouvert, esprit sain. Nous espérons en outre que le rapport sera lu par beaucoup de personnes et qu’il présentera l’impact de la santé mentale et de la toxicomanie en Ontario sous un nouveau jour.

Nous savons que, partout dans la province, quelque deux millions de personnes sont affectées par une vaste gamme de maladies mentales ou d’autres problèmes de dépendance chaque année. En outre, beaucoup plus de personnes, familles, amis et collègues, proches de celles et ceux en proie à la maladie mentale ou la toxicomanie sont aussi affectées.

Comme je l’ai dit dans un communiqué publié récemment, même si les Ontariennes et Ontariens bénéficient de nombreux services, il n’y a pas dans la province de système exhaustif de prestation de services de santé mentale aux personnes qui en ont le plus besoin. Un sondage mené en 2012 montre qu’un tiers des Ontariennes et Ontariens ayant besoin de services de santé mentale et de de lutte contre les dépendances ont dit avoir du mal à recevoir de l’aide ou que leurs besoins n’étaient que partiellement satisfaits. Faire le point montre également que le tiers des personnes qui se rendent aux urgences pour des problèmes de santé mentale ou de dépendance n’ont pas été évaluées et traitées par un médecin au cours des deux années précédentes. Ces statistiques montrent qu’il existe divers moyens d’améliorer la qualité des soins prodigués aux personnes touchées par la maladie mentale et la toxicomanie.

Faire le point révèle aussi que certains groupes de la population ne reçoivent pas des soins de même qualité, notamment au chapitre des visites de suivi, des évaluations et des soins ambulatoires. Le rapport montre que les personnes aux revenus les plus bas en Ontario sont moins susceptibles de bénéficier d’une visite médicale de suivi dans les sept jours qui suivent une hospitalisation pour des raisons de maladie mentale ou de toxicomanie (26,9 % ont eu une consultation de suivi contre 32,5 % des personnes dans les tranches de revenus supérieures). Celles qui vivent en région rurale et sont hospitalisées pour des troubles de santé mentale ou de dépendance sont aussi moins susceptibles de voir un médecin dans le même laps de temps (23,1 % ont consulté contre 30,4 % pour les personnes qui vivent en zone urbaine). Les jeunes (42,7 % des 16 à 24 ans) sont davantage susceptibles de se rendre aux urgences sans avoir auparavant vu un médecin pour des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. En outre, les immigrantes et immigrants sont plus nombreux à faire l’objet d’une première évaluation pour des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie dans un service hospitalier des urgences (38,6 % des immigrantes et immigrants font l’objet d’une première évaluation contre 32,5% pour les non-immigrants). Le nombre de psychiatres par résidentes et résidents varie considérablement d’une région à l’autre en Ontario.

Ces statistiques n’illustrent qu’un petit nombre de domaines où notre système de santé mentale peut s’améliorer. Cela dit, il y en a d’autres où le système de santé mentale s’est amélioré. Faire le point montre également que les Ontariennes et Ontariens n’ont plus à attendre aussi longtemps pour être admis dans un programme de traitement de la toxicomanie. La durée moyenne de l’attente pour un programme communautaire est passée de 26 jours en 2008-2009 à 16 jours en 2012-2013, et de 49 jours en 2008-2009 à 42 jours en 2012-2013 pour les programmes résidentiels de traitement des dépendances.

Je suis d’accord avec le Dr Paul Kurdyak, scientifique de l’ICES ayant collaboré au rapport, qui dit dans le communiqué que trouver des moyens d’améliorer l’accès aux soins ne fera pas qu’améliorer la santé mentale des Ontariennes et Ontariens dans l’immédiat, mais que cela allégera aussi le futur fardeau des patientes et patients et des familles, et du système dans son ensemble. 

Faisant écho à ce sentiment, M. Apostolopoulos dit avoir eu la chance de recevoir l’aide qu’il a reçue au moment où il l’a reçue. Mais la chance ne devrait rien à voir avec le fait que les soins doivent être prodigués en temps voulu et efficaces.

En ce qui me concerne, ni dans ma clinique de médecine familiale ni pendant mes quarts aux urgences, il ne s’est passé une seule journée sans que je voie des gens aux prises avec la maladie mentale ou la toxicomanie. Ce fut parfois la principale raison pour laquelle la personne venait me consulter, mais souvent cela ne s’est avéré qu’après une longue conversation et la création d'une relation de confiance médecin-patiente ou patient. C’est au cours de ces centaines d’interactions que l’impact omniprésent de la santé mentale et de la toxicomanie m’est apparu clairement. Faire le point présente cette réalité et dresse un portrait très imagé de l’état des services de santé mentale et de lutte contre les dépendances et de leur impact sur la population de la province.

Nous savons évidemment qu’il y a encore beaucoup à faire à cet égard, mais nous espérons que ce rapport, et d’autres, dont celui publié par l’ICES intitulé The Mental Health of Children and Youth in Ontario: A Baseline Scorecard, inspireront de nouvelles façons pour le système et les services de santé d’atteindre toutes les personnes en proie à la maladie mentale et à la toxicomanie – car nous sommes toutes et tous concernés, de près ou de loin.

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