Examiner les obstacles communs à la coordination des soins
Le dernier rapport de Qualité des services de santé Ontario examine les réponses d'une enquête récente du Fonds du Commonwealth menée auprès des médecins de famille de partout au Canada et dans le monde et présente les aspects des services de santé en Ontario qui peuvent être améliorés.
Une bonne coordination des soins est sans aucun doute aussi importante que la prestation de soins axés sur le patient. L'une ne va pas sans l'autre.
Pourtant, la coordination des soins, l’assise du système de santé complexe de l’Ontario, n'est pas toujours offerte aussi uniformément et systématiquement qu'elle pourrait l'être.
Notre rapport, Aplanir les transitions pour les patientes et patients, aborde un grand nombre de ces difficultés et explore la façon dont les différents intervenants du système de soins de santé peuvent mieux collaborer afin d'améliorer les transitions et mieux soutenir les fournisseurs de soins primaires dans leurs efforts afin d'offrir des soins coordonnés, intégrés et équitables.
Cet enjeu est plus important que jamais alors que le nombre de patients atteints d'affections médicales complexes qui entrent dans notre système de santé augmente, et qu'ils se trouvent pris en charge par un grand nombre de fournisseurs de soins dans différents milieux de soins. Il est important de s'assurer que les lacunes dans la coordination des soins et la communication ne grandissent pas au fur et à mesure que ce nombre de cas augmente.
Nous savons que moins d'un tiers (29 %) des médecins de famille de l’Ontario ont déclaré qu’eux-mêmes ou une autre personne travaillant dans leur cabinet communiquent régulièrement avec les gestionnaires de cas de leurs patients ou leurs fournisseurs de soins à domicile au sujet des besoins de ces personnes et des services à leur fournir. Examinons ce chiffre d'un autre point de vue : en Saskatchewan, plus de deux fois ce nombre de médecins de famille (62 %) affirment communiquer régulièrement avec les fournisseurs de soins à domicile.
Donc, comparativement au reste des provinces canadiennes et à beaucoup d'autres pays dans le monde, l'Ontario déclare l'un des plus faibles pourcentages de communication par les médecins de famille avec les fournisseurs de soins à domicile et les services en milieu communautaire.
Ce rapport met en lumière les enjeux complexes mis en cause dans la coordination des soins et les obstacles systémiques à l'aide des résultats de l'Enquête internationale 2015 du Fonds du Commonwealth sur les politiques de santé auprès des médecins de soins primaires. L'enquête a rassemblé et a analysé les réponses de milliers de médecins de famille de l'ensemble du Canada et de dix autres pays, soit l'Australie, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède, la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Les résultats de l'enquête montrent que, dans beaucoup de pays dans le monde, le pourcentage de médecins de famille qui déclarent communiquer régulièrement avec les fournisseurs de soins à domicile est plus de 50 % plus élevé qu'en Ontario, par exemple, la Norvège (63 %), les Pays-Bas (56 %), la Suisse (54 %), les États-Unis (52 %) et l'Allemagne (51 %).
En tant que médecin de famille, je comprends très bien les nombreuses difficultés que les médecins de famille peuvent éprouver pour coordonner les soins.
Par exemple, l'un de mes patients, un homme dans la cinquantaine, avec de multiples affections chroniques, interagit avec plus de huit médecins et prend 15 différents médicaments, dont je ne lui ai prescrit presque aucun. Pourtant, je suis souvent la première personne qu'il appelle lorsqu'il a un problème. Mais, avant de pouvoir proposer des modifications à ses soins, je sais que je dois étudier son dossier et ses symptômes et consulter un grand nombre de médecins et le pharmacien qui participe à ses soins.
La prestation de ces soins nécessite beaucoup de temps et d'efforts et requiert beaucoup de différentes personnes. Néanmoins, ce ne sont pas tous les médecins de famille qui ont le temps ou le personnel de soutien nécessaire pour y consacrer tout ce temps et ces efforts. Même si de nombreux fournisseurs de soins primaires et de professionnels de la santé ont déjà déployé d'énormes efforts pour assurer une bonne coordination des soins, il reste du travail à faire.
Seulement 36 % des médecins de famille de l’Ontario ont déclaré qu’il était « facile » ou « très facile » de coordonner les soins de leurs patients avec les services sociaux ou d’autres fournisseurs de soins en milieu communautaire, lorsque nécessaire. En Suisse, plus de deux fois plus de médecins de famille (74 %) ont déclaré la même chose. Dans d'autres provinces canadiennes, ce pourcentage est également plus élevé : 55 % des médecins de famille de la Saskatchewan et 45 % des médecins de famille de la Nouvelle-Écosse déclarent que la coordination des soins est facile.
Toutefois, pour certains aspects, l'enquête montre que les médecins de famille ont répondu positivement relativement à la coordination des soins avec les hôpitaux et les spécialistes. Pour les avis de sortie d'hôpital, 71 % des médecins de famille déclarent qu'ils sont « toujours » ou « souvent » avertis par l’hôpital de la sortie de leurs patients. C'est l'un des taux les plus élevés au Canada, comparativement au Québec (52 %), au Manitoba (58 %), à la Saskatchewan (61 %) et à l'Alberta (63 %). De plus, 90 % des médecins de famille de l’Ontario ont déclaré qu’ils recevaient les rapports des spécialistes que leurs patients ont consultés, un résultat semblable à celui avec d'autres provinces du Canada (sauf le Québec, avec 66 %) et supérieur à d'autres pays, notamment la Suède (56 %), les États-Unis (76 %), l'Allemagne (82 %), l'Australie (83 %) et le Royaume-Uni (84 %). Enfin, seulement un petit nombre de médecins de famille de l'Ontario (25 %) ont déclaré qu’au cours du mois écoulé, ils avaient dû répéter une analyse ou un test, ou un acte médical parce qu’ils n’avaient pas accès au résultat antérieur. Ce pourcentage est supérieur à celui de beaucoup d'autres provinces du Canada et d'autres pays, dont le Royaume-Uni où 48 % de médecins de famille déclarent qu'ils ont dû répéter des tests.
Au-delà des données, le rapport comprend également des récits des fournisseurs de soins primaires. Nous avons entendu l'histoire d'une infirmière praticienne, Stephanie Skopyk, qui décrit l'intégration des soins primaires et des services sociaux dans sa clinique à Oshawa. La Dre Thuy-Nga (Tia) Pham explique les avantages d'avoir un gestionnaire de cas attitré dans sa clinique de l'Est de Toronto. De son côté, le Dr Harry O'Halloran évoque en toute franchise les problèmes qu'il éprouve pour obtenir des renseignements sur les patients à l'extérieur des systèmes locaux et leur incidence sur les résultats pour les patients de son cabinet de Collingwood.
Ces histoires nous donnent un aperçu des différents obstacles qu'un grand nombre de fournisseurs de soins primaires doivent surmonter chaque jour dans l'exercice de leur profession. Bien que le rapport ne mentionne pas d'obstacles particuliers à la prestation des soins, il montre les aspects qu'il faut améliorer. Deux documents présentent des exemples permettant d'améliorer ces aspects : le plan stratégique de QSSO Parce qu'on peut toujours faire mieux, qui reconnaît la nécessité d'améliorer la qualité lors de la transition entre différents types ou cadres de soins afin de combler ces lacunes, et le document de discussion Priorité aux patients du ministère de la Santé et des Soins de longue durée dans lequel sont également cernés des aspects des soins primaires qui peuvent devenir plus axés sur le patient.
J'espère que vous prendrez le temps de lire notre rapport et de le partager avec les membres de votre réseau. Le dévouement de tous les intervenants du système est nécessaire pour améliorer la communication et la coordination des soins. Il faut que ce soit facile de faire la bonne chose pour les patients.